samedi 24 septembre 2011

Allassane Ouattara et la République avariée

 Essai sur l’ivoiro-pessimisme

Il nous arrive dans ces jours sombres pour la Côte d’Ivoire, d’avoir de la compassion pour notre frère le Dr Allassane Ouattara. Nous nous empressions de dire ici que la compassion, en ce qui nous concerne n’à rien avoir avec la pitié.

Le Dr Allassane Ouattara, avec ses costumes taillés sur mesure, ses molaires en or, ses cravates en soie pure, et ses boutons de manchettes en or est un homme habitué aux mondanités de son temps, il ne fait donc pas du tout pitié. Nous voulons être sincère dans l’usage de ce mot, afin de bien nous faire comprendre.
La compassion dans notre esprit, c’est le sentiment indéfinissable de désolation et de tristesse qu’on éprouve face au malheur de son semblable. Car c’est en tenue de deuil qu’il a franchit les portes du palais présidentiel d’Abidjan Plateau, pour prendre en mains le destin des ivoiriens, dans une ville d’Abidjan jonché de cadavres, dont beaucoup étaient encore en état de décompositions avancés.
Il a certainement voulu être le président de la Côte d’Ivoire, mais pas dans des conditions aussi sanglantes. C’est cela qui justifie notre compassion à son endroit. Cela dit nous sommes pessimistes sur sa capacité à instaurer la confiance entre les ivoiriens et a jeter les bases d’une paix juste et durable dans ce pays.
La Côte d’Ivoire, est pris au piège d’une réalité qui ne fait que la broyer tous les jours dans une sorte de fatalité sans fin. Certains disent que la crise ivoirienne était militaire, d’autres disent qu’elle est économique et institutionnelle car c’est la faillite des hommes qui a provoqué la faillite de l’Etat et du pays. En réalité il s’agit d’une crise politique.
Le politique étant le sens et l’essence de l’existence de l’Etat, il ne doit plus devenir un tabou à l’heure des comptes pour nettoyer les plaies, penser les blessures et permettre à la nation de se relever progressivement de cette immense déchirure qui risque durablement de la rendre impotente.

II – L’avarie de la république

Les marins utilisent le terme avarie, pour désigner les dommages subits par un navire en mer. Si nous devons transposer ce terme en politique nous n’hésiterons pas à dire ici que lorsqu’un Etat est incapable d’assurer ses fonctions régaliennes, il est dans la situation d’un navire avarié.
- Il ne faut pas se le cacher, la Côte d’ivoire a de la peine à payer ses fonctionnaires.
- Personne ne peut dire aujourd’hui avec exactitude quand les écoles et les universités ouvriront leurs portes pour la prochaine entrée.
- Personne ne peut vous dire si vous pouvez quitter Abidjan pour aller à Abengourou sans que des coupeurs de routes ne s’en prennent à vous pour vous rançonner et violer votre femme et vos filles sous vos yeux.
- La police et la gendarmerie n’interviendront pas en Côte d’Ivoire pour vous protéger contre les bandits devant votre porte.
- En ce qui concerne les FRCI, on est tenté de se demander s’ils sont là pour protéger les ivoiriens ou pour soumettre les ivoiriens au régime politique dirigé par le Dr Allassane Ouattara ?
L’image de l’Etat déliquescent et de la république avariée est apparut dans toute sa clarté au matin du 5 août 2011, quand un accident de la circulation c’était produit sur le Pont Houphouët-Boigny et qu’un chauffeur de bus perdant totalement le contrôle de son véhicule et plonge dans la Lagune Ebrié, avec ses passagers de son bus.
La réaction naturelle des ivoiriens fut naturellement d’appeler la marine nationale du pays à deux pas des lieux pour porter secours aux passagers du bus. Ils furent tous abasourdis de savoir que la Côte d’Ivoire n’a plus de marine car tout le matériel de la caserne fut pillé dans l’immense ivresse et la kermesse sanglante qui avait accompagné la chute du président Laurent Gbagbo.
Dans ce cas il faut appeler les pompiers. Ils arrivent sur les lieux eux aussi avec leurs sirènes hurlantes, pour constater qu’ils n’ont plus le moindre matériel de plonger. Quel est donc ce pays bizarre qui dans une sorte de cécité sans fin se dote d’une marine qui n’a aucun matériel de plonger ? La réponse est simple, il ne faut plus croire en la Côte d’Ivoire, ce n’est qu’une république cacaoyère en état d’avarie très prononcée.
Le plus ridicule est que ceux sont les petites embarcations de pécheurs et surtout les pinasses qui agissent dans la navigation urbaine informelle qui ont été les premiers à porter secours aux victimes. Du côté des autorités il a fallu attendre vers 11h30 pour voir le bus sortir de l’eau grâce à une grue de circonstance. Quand dans un pays qui prétend se respecter, c’est l’informel qui vient au secours du formel, il faut s’interroger sur la nature de l’Etat.
Les USA, le Canada et tous les pays de l’union européenne y compris la France qui embrasse Ouattara sur la bouche, déconseillent à leurs ressortissants de mettre les pieds en Côte d’Ivoire. Cela est vérifiable sur tous les sites des ambassades accréditées à Abidjan. En déclarant à l’étranger qu’il n’était pas au courant des exactions des FRCI, le président Ouattara, à sembler soutenir ses troupes dans le mal contre d’autres ivoiriens, cela n’a fait que raviver les vieux instincts de méfiances entre ivoiriens.
La république avariée c’est l’incapacité du gouvernement de redéployer l’administration dans le nord du pays. Car les pays voisins des frontières nord envers qui Ouattara, est redevable veulent continuer à exporter du bois, du diamant, du coton, du cacao et du café de Côte d’ivoire.
L’Etat avarié ne peut pas protéger ses propres habitants contre son insuffisance et sa propre malfaisance, il entraîne ainsi l’ensemble de la nation dans un précipice. C’est l’image de la Côte d’ivoire Moribonde et grabataire dans un constat douloureux car tous ceux qui aiment ce pays, doivent se taire pour éviter les représailles du régime très démocratique des FRCI.

III – Revoilà le tribalisme

Nous fumes de ceux qui ont dénoncé le venin de l’ivoirité dans la vie politique ivoirienne. Tout le mépris que nous éprouvons pour Henri Konan Bédié et ses apôtres vient de ce maudit concept qui a fait beaucoup de mal à la Côte d’Ivoire. Un pays ne peut pas marginaliser, renier et rejeter une partie de ses propres citoyens sans se renier lui-même.
C’est pourquoi nous pensons que le Dr Allassane Ouattara, ayant été la première victime de cette doctrine, est le mieux placé pour travailler avec tous les ivoiriens sans revenir aux basses manœuvres d’exclusions, de clanisme et de tribalisme qui ont fait tant de mal à la Côte d’Ivoire.
Nous constatons avec regret que sous le gouvernement ivoirien actuel, la haute administration et les entreprises publiques sont aux mains des ressortissants du nord. C’est à peine si le conseil des ministres ne se tient pas en malinké. Les ministres ne portent pas encore les grands boubous, mais cela ne tardera pas. Nous disons ici sans démagogie que si dans un pays pluriethniques on recherche l’ethnie et non la compétence, l’ensemble de la nation ne retirera aucun profit, ni aucun bienfait des nominations à des postes de responsabilités.
Car une étiquette ethnique ne suffit pas à assurer à l’heureux élut la valeur d’un serviteur de l’Etat. L’une des bases essentielles des réformes qu’il faut exiger pour l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire, réside dans l’élimination des considérations ethno religieuses, qui sont des obstacles au progrès national, nuisent à la réputation de la Côte d’Ivoire et enveniment les rapports entre ivoiriens.
Nous n’avons pas l’intelligence, ni le courage politique de notre frère le Dr Allassane Ouattara. Ce que nous combattons ici en tant qu’homme libre non assujettie aux combinaisons politiques, c’est l’esprit et la lettre de l’ethnie comme un projet sectaire de société. C’est un danger qui à terme deviendra la principale source de faiblesse du pays.
L’Etat Kabyè de la compagnie Eyadema et fils au Togo, est l’ombre de lui-même, l’Etat Hutu d’Habyarimana avait entraîné le Rwanda dans l’immense génocide dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées. La faillite de l’Etat Krahn de Samuel Doe, au Liberia voisin.
La déconfiture de l’Etat ngbandi de Joseph Désiré Mobutu au Zaïre. Tous ces exemples sont sous nos yeux pour nous indiquer que c’est la voie d’un immense fiasco pour ceux qui ont eu l’immense privilège de l’expérimenter en Grandeur nature. L’Etat Akan sous le régime Félix Houphouët-Boigny, en Côte d’Ivoire doit nous servir de leçons.
La plupart des directeurs qui ont conduits nos sociétés d’Etat en faillite n’ont jamais été poursuivis en Justice parce qu’ils étaient en Grande majorité des Akans. Tous les ministères de souveraineté étaient occupés par des Akans. La plupart des Ambassadeurs et des préfets étaient du même groupe Akan.
C’est finalement l’Akanité qui a conduit les ivoiriens à l’ivoirité. Celui qui écrit ces lignes est un akan qui souhaite vivement la fin de telles pratiques qui ne peuvent que nous conduire à la ruine de la nation. Car le tribalisme conduit toujours l’ethnie au pouvoir à aller jusqu’au crime pour conserver son emprise sur les institutions de l’Etat. Henri Konan Bédié, fut-il désigné successeur constitutionnel d’Houphouët-boigny, à cause de son appartenance ethnique et non à cause des compétences qu’il pouvait mettre au service de la nation.
Il est possible aujourd’hui que les supporters du Dr Allassane Ouattara, nous traitent de nom d’oiseaux et tombent dans l’insultent, les menaces ou la barbouzerie. Nous leur disons ici que mourir pour une Côte d’Ivoire libre et juste envers tous ses enfants serait franchement une belle mort. Celle qui consister à quitter cette terre au nom de ses convictions démocratiques.
Nous leur rappelons ici que nous fumes de ceux qui avaient averti Henri Konan Bédié des dangers de l’ivoirité. Nous étions de ceux qui sans être dans les partis politiques avaient dit au général Robert Guei, de ne pas se présenter aux élections présidentielles, pour respecter la parole donnée aux ivoiriens. Aucun d’eux n’a voulu nous écouter. Où sont-ils aujourd’hui ?
La finalité d’un parti politique et cela est admis partout, consiste notamment à assurer la sélection des hommes et des femmes capables d’exercer le pouvoir, à servir de repère idéologique pour les choix politiques et surtout à rétablir la liaison entre les électeurs et ceux qui sont chargés des destinées de l’Etat.
Nous voulons aujourd’hui, que ceux qui sont au pouvoir à Abidjan se souviennent que selon les résultats qui ont fait de lui le président de la Côte d’Ivoire. Près de 46 % des ivoiriens n’ont pas voté pour le Dr Allassane Ouattara. Donc pour être le président de tous les ivoiriens, ils doit gagner les cœurs de ceux qui n’étaient pas avec lui, c’est la meilleure façon de conduire l’ensemble des ivoiriens à se reconnaître en lui.

IV – La situation sécuritaire dans le pays

Les ivoiriens sont perplexes. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, sont-ils des ivoiriens au service de la défense et de la sécurité de la Côte d’Ivoire et des ivoiriens ? Pourquoi le Dr Allassane Ouattara, que l’on dit intelligent ne fait-il rien pour rassurer les ivoiriens en les réconciliant avec la chose militaire qui les traumatise depuis l’usage de la force dans leur vie publique par la soldatesque du général Robert GUEI le jeudi 24 décembre 1999?
Croire aussi qu’en Côte d’Ivoire, une armée de violeurs, de racketteurs, de trafiquants de drogue, de cambrioleurs de banques, de pillards et de vulgaires criminels à la petite semaine, qu’une armée de Dozos et de Zozos, peut assurer la défense nationale et protéger les vie humaines, c’est tout simplement se leurrer. Qui ira investir dans un pays ou les Dozos et les FRCI, illettrés font la loi ?
Nous pensons que le risque existe en cote d’ivoire de voir les mécontents d’aujourd’hui, ceux que l’Etat a abandonnés. Ceux que l’Etat ne protège plus et ne défend pas à cause de leur appartenance régionale ou ethnique, se constituent en force de rébellion armée comme les mouvements de guérilla en Amérique latine. En vue de se défendre contre un régime oppressif à leur encontre.
La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui est ébranlé dans ces racines les plus profondes et dans les valeurs les plus nobles qui ont forgé son histoire. Les hommes sont obligés d’aliéner corps, biens et esprit pour subsister. Les institutions sont en crise et se contentent d’exister : elles ont perdu leur capacité de création, de décision, de contrôle et d’orientation. Cela réduit la capacité du pays et des ivoiriens à décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes de l’orientation de leur devenir.
C’est une société qui cultive la dépendance à l’égard de l’extérieur : valeur des importations, volume de l’aide externe, agriculture en régression, chômage en progression, système éducatif en plein délabrement, hôpitaux en piteux état, routes impraticables, dirigeants corrompus, ethnisme et tribalisme rampant, etc. cette dépendance se répète à l’intérieur à différents niveaux, jusqu’à provoquer un puissant blocage de la pensée et de l’action.
Cette société se tient debout difficilement sur des béquilles d’une pseudo Républiques sans dignité, dans laquelle l’espoir ne pousse plus. La vérité ayant perdue sa substance, la communication entre les hommes devient impossible ou artificielle.
La pensée alors s’arrête puisqu’elle n’est plus fécondée par l’échange et la contradiction. Quand l’intelligence déserte le forum, la médiocrité s’installe et tout peut finir en dictature. La transition militaire chaotique du général Gueï, ainsi que la refondation frontiste et gbagboïste, furent des grandes désillusions et des illustrations de cette descente aux enfers de la Côte d’Ivoire.
Les solutions que proposent le Dr Allassane Ouattara doivent prendre en compte la soif de justice, de vérité et de liberté des ivoiriens ainsi que leurs désires de vivre dignement dans un pays qui est le leur. C’est un minimum faisable que nous attendons tous de l’Etat FRCI.
Sur ce plan nous doutons que l’actuel gouvernement puisse faire quoi que ce soit. Pour illustrer notre pensée prenons un exemple concret. Suite à la guerre, de nombreuses maisons sont aujourd’hui encore occupées par des personnes appartenants au groupe ethnique au pouvoir, malinké, Koyaga et sénoufo, à ce jour avec tous les titres de propriétés en main aucune police, ni aucune gendarmerie ne pourra vous restituer votre maison.
Votre maison a été pillée, vous connaissez les pilleurs, ils portent vos habits et passent devant vous. Il est pratiquement impossible pour vous de demander la restitutions de vos biens, vous risquez l’égorgement en pleine rue par les forces de l’Etat FRCI. Les victimes dépouillées de leurs biens sont perplexes et médusées devant l’absence de l’Etat de droit promis aux ivoiriens par l’Etat FRCI de notre frère le Dr Allassane Ouattara.
Ils sont finalement nombreux les ivoiriens qui ont fait le pari de ne plus retrouver leurs maisons. Dans une sorte de résignation absolue, ils ont fait le deuil de leurs biens. Des paysans qui ont perdus leurs plantations occupées du jour au lendemain par les manœuvres qui étaient hier encore à leur service.
Ils sont convaincus que dans l’Etat FRCI, le Dr Ouattara et son gouvernement ne lèveront pas le petit doigt pour les aider à récupérer leurs biens. Car ils ont pour nom KOFFI, YAO, YAPO, ZADY, SERY, ZOKOU, DION, MAMBEA, LEVRY et non KONE, SANGARET, DOSSO, SORO, NAMOGO, KANDIA, BAKAYOKO ou OUATTARA.
Encore une fois comme dans l’Italie fasciste de Benito Mussolini, il faut le dire clairement que l’Etat partisan, Partial et parcellaire n’a jamais fait le bonheur d’aucun peuple sur la terre. En initiant l’exercice du pouvoir politique par un sectarisme affiché, notre frère le Dr Allassane Ouattara, est entrain de scier lui-même la branche sur laquelle il est assis. C’est l’ensemble de toutes ces observations qui nous rend septique sur sa capacité à gouverner au-delà des clivages ethniques et à faire du pouvoir politique un service au bénéfice de tous les ivoiriens.

V – De la réconciliation nationale, parlons en !

Il est souvent difficile à la sortie d’une situation conflictuelle de gommer aussi facilement les actes criminels, les meurtres inutiles, les tortures, les violes des femmes, les pillages des domiciles et des biens publics. Dans certaines administrations ivoiriennes aujourd’hui, il n’y a même plus de chaises, ni d’ordinateurs encore moins les archives. 80% des véhicules de service ont été emporté et circulent librement aujourd’hui dans les pays voisins, comme la Guinée le Mali et surtout le Burkina Faso.
Les partisans de Laurent Gbagbo, n’ont plus de domicile, leurs maisons ont été pillées ou incendiés. Beaucoup d’entre eux ont fait le choix de l’exil pour survivre. Comment reconstruire des relations sociales entre des ivoiriens qui se regardent en chien de faïence dans l’attente de la prochaine explosion ?
Que faut-il faire quand le meurtrier de votre père habite juste en face de votre maison ? Que faire quand vous voyez votre voiture dans la cour du voisin et qu’aucune police ne peut la récupérer pour vous ? Comment réparer les relations brisées à l’intérieure de la communauté nationale sans prendre en en Compte la souffrance humaine légitimes des victimes ?
Comment se réconcilier avec celui qui habite la maison que vous avec construite avec un crédit bancaire que vous n’avez même pas fini de payer ?
Pour une fois il faut sortir des slogans et du verbiage et du verbalisme creux dont les gouvernants ivoiriens et leurs presses sont si friands.
Nous constatons tout de suite avec regret que la commission chargée de la réconciliation nationale est présidée par un homme qui a toujours été copté. Il n’a jamais obtenu quelque chose sur la terre par son propre mérite. Charles Konan Bany, appartient à la race des gens qui ont eu la chance extraordinaire dans la vie, de n’avoir jamais eu l’occasion de chercher du travail comme la plupart d’entre nous sur la terre.
C’est toujours la fonction qui est venue comme par enchantement se coucher à leurs pieds. Copté pour entrer à la BCEAO après ses études, Copté pour être le directeur national de cette institution, copté pour être le gouverneur de la BCEAO, copté pour être le premier ministre de la Côte d’Ivoire dans des conditions que l’on sait. Et enfin à la retraite, copté pour présider la commission ivoirienne de réconciliation nationale.
Il n’a jamais acheté l’essence pour sa voiture, il ne connaît pas le prix d’un Kg de riz, d’un litre d’huile, il ne connaît pas l’état de nos hôpitaux, ni le coût de sa facture d’eau et d’électricité. Depuis qu’il a commencé à travailler, jusqu’à sa retraite de la BECEAO, il a toujours été logé et blanchit par le contribuable africain.
Il n’a pas eu sa maison pillée, sa voiture n’a pas été emportée au Burkina Faso, il est joufflue et affiche depuis plus de trente ans un embonpoint qui l’éloigne du quotidien des ivoiriens. Car il n’a connu que les lambris et les ors de l’Etat durant toute sa vie.
Charles Konan Bany, pour ceux qui ont la mémoire courte, c’est l’homme qui siégeant dans le GTI, le groupe de travail international sur la crise ivoirienne, avait approuvé à la demande de la France, la dissolution de l’Assemblée nationale ivoirienne une institution ivoirienne dans laquelle siégeait les membres de son propre parti.

Avec lui la réconciliation nationale est déjà bâclée avant de commencer. Il ne connaît pas la soif d’aujourd’hui et la faim du lendemain. En vérité il n’a aucune autorité morale pour concilier et réconcilier les cœurs en pleurent, les visages en sang et les souffrances des ivoiriens.
Cela nous amène à nous interroger sur la volonté réelle du pouvoir en place à Abidjan, de réconcilier les ivoiriens ? Nous sommes de ceux qui affichent leurs doutes et leur pessimisme sur la volonté du Dr Allassane Ouattara, d’aller vers l’édification d’une vraie harmonie entre ivoirien et pourtant il aurait tout à y gagner, mais il n’a pas les mains libres.

Ceux qui le connaissent disent déjà qu’il est revanchard et qu’il veut faire payer au prix fort les tenants de l’Ivoirité et pourtant il a fait d’Henri Konan Bédié le pape de l’Ivoirité son meilleur allié. Quel danger Danielle Boni Claverie, Geneviève Bro Gregbé, Béchio Jean-Jacques, Pascal Affi Nguessan ou Michel Gbagbo représentent-ils contre le régime d’Allassane Ouattara, au point de recourir à des prisons concentrationnaires contre eux?

Etait-il nécessaire devant les cameras du monde entier de dénuder les collaborateurs de président Gbagbo, de bastonner et de brutaliser des gens qui après tout étaient libres de choisir leur camp dans une complétion électorale. Ne pas répondre à ces questionnements, c’est s’embarquer dans la négation des évidences qui nous indiquent le chemin pour ne pas sortir de l’impasse douloureuse dans laquelle la Côte d’Ivoire s’est profondément embourbé.

Si Charles Konan Bany et cette commission voulait vraiment faire du bon travail, ils seraient depuis longtemps aller chercher les membres de la famille Gbagbo en exil pour la mettre sous sa la protection du président de la république de Côte d’Ivoire. C’est une des clés qui justifie notre pessimiste et la confiance que nous retirons à la Côte d’ivoire car c’est un pays à risques. Cela justifie pleinement notre incrédulité face à ce slogan creux qu’est :
<< La réconciliation nationale. >>

S’il y a des gens qui pensent que c’est par des concerts de musique ou des matchs de football qu’on arrivera à faire en sorte que le Lobi, le Koulango, le sénoufo et le malinké se reconnaissent dans un Attié un Bété, un Dida un Yacouba ou un Guéré. C’est en réalité aller au devant du ridicule comme les slogans d’hier sur l’autosuffisance alimentaire, le pays de la tolérance, le pays du dialogue, le pays de l’éléphant d’Afrique. Ou bien le pays de la fraternité. Nous demandons à tout ce petit monde de descendre sur terre pour ouvrir les yeux.
C’est alors qu’ils verront la réalité dans toute sa grandeur. Alors ils comprendront tardivement peut être ce que nous savons déjà. Que tout cela n’était que des babioles et des pacotilles et rien de sérieux. Car le gouvernement de notre frère le Dr Allassane Dramane Ouattara n’a aucune envie d’évoluer dans une côte d’Ivoire loin des rancœurs et du tuer pour exister.
Il ne faut pas se tromper de sujet. C’est une volonté politique véritable qui rendra la réconciliation nationale possible et effective en Côte d’Ivoire. en d’autres termes, notre frère le Dr Allassane Ouattara et son gouvernement doivent poser des actes qui rassurent les ivoiriens et surtout des actes forts qui favorisent le rapprochement et le pardon entre ivoiriens, d’une part ainsi qu’entre gouvernants et gouvernés.
La théorie ne suffit plus il faut aller plus loin que le bout de son nez. Pour le moment il n’y a que les FRCI, l’intimidation et la coercition qui alimentent le quotidien des ivoiriens éberlués dans l’attente d’un nouveau messie. Car les frustrations sont très profondes.
Nous restons septique car notre connaissance des hommes et de la classe politique ivoirienne dont le monde entier connais la versatilité, nous invite à ne pas croire à la surface mais au fond, à nous fier au contenu et non au contenant. Au réel et non au virtuel. Les bourreaux, les fautifs, les meurtriers incrustés au cœur de l’Etat et les partisans de Laurent Gbagbo, qui ont posé des actes criminels doivent payer pour ce qu’ils ont fait.
Dans cette praxis, c’est au président de la république d’ouvrir la porte du droit, de rassurer les ivoiriens, d’aller vers les victimes, de demander pardon au nom de la nation qu’il veut gouverner, pour sortir le pays du non droit, pour conduire ses concitoyens dans la cité des droits pour tous.
De sortir aussi des pages sombres de la discrimination ethno religieuse, ethno régionale, de la ségrégation tribale et de l’ethnicité pour amener les ivoiriens dans la grande plaine de la vérité, de la raison, du vivre ensemble et surtout de la grande fraternité humaine dont nous voulons tous être les acteurs.
Nous n’avons que des doutes qui renforcent notre pessimisme, que notre frère le Dr Allassane Ouattara, nous rassure s’il en est capable, Car il y a des millions d’ivoiriens dans le même état d’esprit que nous. Il doit remercier ceux de ses compatriotes qui osent lui dire en toute franchise ce qui se passe dans l’immense chaudron que constitue la Côte d’Ivoire en ébullition, parce que pour garder leur indépendance d’esprit. Ils ont fait le choix de ne jamais dîner à la table d’un pouvoir politique ivoirien.

VI – Postulat de conclusion Générale

Il y a chez les hommes politiques africains une sorte de certitude indéracinable qui fini par les noyer. Ainsi Amadou Ahidjo dans le Cameroun où il était tout puissant n’imaginait pas qu’un jour un autre régime allait le condamner par contumace et l’obliger à mourir en exil et enterré au Sénégal.
Dans le même registre, Félix Houphouët-Boigny, n’imaginait pas que son successeur constitutionnel serait renversé par un Coup d’Etat du général Robert Guei et que Laurent Gbagbo deviendrait le président de la Côte d’Ivoire. Le Maréchal de pacotille, Joseph Désiré Mobutu Sese seko, était loin d’imaginer le Zaïre sans lui.
Le Général d’opérette Juvénal Habyarimana se souviendra du fond de sa tombe des avertissements de bon sens de tous ses voisins qui lui conseillait d’ouvrir un dialogue avec les exilés rwandais éparpillés depuis des décennies dans les pays voisins. Tous cela nous invite à faire observer à notre frère le Dr Allassane Ouattara que :
- L’instauration de la paix et son maintien dans un pays, relève de la responsabilité des autorités politiques et administratives ;
- Par la reconnaissance de l’égalité et de la dignité de tous les citoyens :
- Par l’élimination de la peur, de la méfiance, de la violence, de la haine ;
- Par le renforcement de la solidarité nationale, de la tolérance et par le recours à un dialogue constructif pour aplanir et résoudre les différents découlant du vivre ensemble.

Nous aimerons être contredit par les faits qui fondent notre pessimisme sur l’avenir de la Côte d’Ivoire et sur la capacité de notre frère le Dr Allassane Ouattara et son gouvernement à rassurer les ivoiriens et à faire de l’exercice du pouvoir politique un service au profit du bien être de tous les ivoiriens.
L’attribution de la quasi-totalité des marchés d’état aux grands groupes industriels et financiers français sans aucun appel d’offre est-elle une bonne chose ? L’assujettissement à la France est-elle une bonne chose au plan politique et diplomatique quand on connaît la capacité de nuisance de l’ancien colonisateur qui n’a que son profit comme finalité de sa coopération avec l’Afrique ?
Il est fort possible que la guerre a engendré des crimes crapuleux, des meurtres sans raison et du banditisme gratuit. Mais de tels faits, dans leur atroce simplicité, invitent chacun à juger sans complaisance ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Pourquoi le Dr Allassane Ouattara, qui est un homme intelligent éprouvent-il le besoin d’aller à l’étranger pour dire qu’il n’est pas au courant des exactions des FRCI ?
Des fonctionnaires compétents pourchassés au nom de leur appartenance politique. Des syndicalistes enlevés et tenus au secret. Des femmes violées. L’administration vidée de son énergie pour faire le lit d’un clanisme institutionnalisé. On a l’impression qu’on est entrain de mettre en place méthodiquement la poudre et tous les éléments de l’explosion future y compris la mèche de mise à feu.

Le plus grave est cette habitude ivoirienne qui consiste toujours à être en érection dans l’espace public, pour s’en prendre avec cruauté à celui qui dénonce les faits qui portent préjudices à la nation et au vivre ensemble, sans s’en prendre aux causes réelles de la décadence de l’Etat nation dont nous sommes les fils. Nous sommes loin de ceux qui disait hier encore et à haute que :
<< Le moment venu, nous frapperons ce gouvernement moribond pour le faire tomber.>> Nous demandons à notre frère le Dr Allassane Ouattara, de faire preuve de courage en politique s’il veut diriger la Côte d’Ivoire et conduire les ivoirien à la paix ainsi qu’au progrès économique, social et démocratique.
- Le courage en politique, C’est d’abord une attitude, celle qui consiste à couper court à un enthousiasme démesuré, à rompre avec des peurs collectives, à s’opposer à des rumeurs, à ramener les sujets au niveau qui doit être le leur, en calmant les ardeurs des excités de son propre camp. Car on ne remporte pas une victoire contre la nation, mais avec la nation qu’on veut gouverner.
- Comme vous le constatez les conditions d’émergence et de stabilisation de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire sont donc loin d’être remplies. Il s’agit de les explorer, de les expérimenter dans le mouvement même qui porte les ivoiriens à s’initier à la citoyenneté ; à se délivrer des catégories politiques du bien et du mal.
- À se défaire des opinions définitives et des oppositions tranchées ; à faire l’apprentissage de la diversité et de la tolérance, de la nuance et du compromis sur quelques valeurs essentielles entre ivoiriens ; à vivre en respectant les différences, en acceptant les divergences, en recherchant le consensus sur les équilibres du vivre ensemble et en s’accommodant pour le reste de vérités contraires, d’incertitudes partagées, de majorités et de minorités provisoires, de victoire partielles et de défaites surmontables.
Malheureusement nous sommes très pessimistes sur la capacité de notre frère le Dr Allassane Dramane Ouattara, à regarder dans cette direction. Il est prisonnier de ses alliés français, Sarkozy, Bouygues, Bolloré et consorts, qui le tiennent en laisse, du PDCI-RDA avec lequel il doit composer et offrir quelques strapontins et surtout de la géopolitique sous régionale dans laquelle il est castré et encastré au nom des combinaisons du moment.
Il propose aux ivoiriens, La paix des vainqueurs, comme dans le Zaïre de Mobutu où les Lumumbistes vaincus, avaient la tête basse pour tout le restant de leur vie. Nous disons simplement que ce n’est pas le meilleur exemple pour notre frère le Dr Allassane Ouattara et la Côte d’Ivoire qu’il veut reconstruire.
A tous ceux qui sont autour de lui et qui l’encourage à user de la force contre le bon sens. À tous ceux qui mangent goulûment à sa table en sirotant le champagne rosé ou le whisky avec glaçons, sans penser au lendemain. Nous leur rappelons ces mots terribles du pasteur et théologien protestant, Martin Niemöller.
Arrêté en 1937 et envoyé aux camps de concentration de Sachenhausen et de Dachau. Libéré du camp par la chute du régime criminel nazi, il est mort le 6 mars 1984, à Wiesbaden. Il nous a laissé en héritage ce poème qui est, plus que d’actualité pour tous ceux qui côtoient et tutoient les allées du pouvoir politique dans l’Afrique contemporaine en oubliant qu’ils se donnent un destin de feuilles mortes.
<< Quand il sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté, je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester. >>

Merci de votre aimable attention et que la paix du très haut soit durablement sur la Côte d’Ivoire.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)
Tel. 004179.246.53.53
E-mail : nzinicolas@yahoo.fr

Source: Ivorian.Net-24/9/2011

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