vendredi 27 juillet 2012

CÔTE D'IVOIRE: ATTAQUES DU CAMPS DE DÉPLACÉS DE DUEKOUE


Un massacre planifié et savamment exécuté. C’est un ainsi que les élus et cadres wê réagissent à l’attaque perpétrée contre le camp de déplacés de Naihibly (Duékoué), le 20 juillet dernier.
Ils sont montés au créneau, hier (24 juillet ndlr), à travers une conférence de presse à Cocody, pour donner leur position sur le massacre. 
« Le pouvoir a planifié l

’extermination du peuple wê »,
a déclaré, Nahi Doho, doyen des cadres wê, qui a poursuivi :
« nous nous trouvons dans le cas d’un génocide homéopathique savamment planifié et méthodiquement exécuté. En effet, le scénario est le même : on part du prétexte d’un braquage ou d’une attaque au cours de laquelle, les ressortissants du nord sont soit blessés ou tués et la machine meurtrière est mise en branle ».

Le doyen des cadres Wê a fait remarquer que, sans enquête préalable et sans établir de lien de cause à effet, les wê ont été systématiquement désignés comme coupables. Nahi Doho a indiqué que l’attaque du camp s’est faite dans les règles de l’art militaire. De sorte qu’on est en droit de penser que ça été préméditée.
« Quand ils sont arrivés, ils n’ont pas fait les choses au hasard. Ils ont encerclé le camp, mis le feu dans les tentes puis ils ont commencé à attaquer les déplacés. Malmenés et fatigués, ceux qui tentaient de s’échapper étaient systématiquement neutralisés », a-t-il expliqué. Parmi les déplacés qui ont pu se sauver, certains ont été orientés vers des assassins par des personnes qui leur ont fait croire qu’ils étaient là pour les aider mais en réalité qui étaient dans le coup.

Le conférencier a expliqué que l’existence de ce camp n’a jamais été bien vue par les autorités politiques. Il a rapporté qu’Adama Tounkara, maire de la commune d’Abobo, actuel ministre des mines, a manifesté son opposition à l’installation de camp au motif qu’il est mitoyen à sa résidence. A la faveur de la visite d’Alassane Ouattara à l’ouest, le ministre Tounkara est revenu à la charge. Mais il s’est heurté à la résistance des humanitaires.

« Le préfet du département, toujours à la faveur de cette même visite du chef de l’Etat, avait convoqué les représentants des résidents du camp pour leur demander de quitter le site car, selon ses propos, ce camp constituait un os dans la gorge du gouvernement », a-t-il indiqué.
Nahi Doho a jouté que le Préfet de Duékoué a menacé de prendre des mesures drastiques pour déguerpir le site. Ainsi, joignant l’acte à la parole, à partir du 19 avril, le camp a été privé de vivres et de soins médicaux jusqu’à l’attaque du 20 juillet dernier.

La thèse d’individus armés dans le camp a été balayée du revers de la main. « Ce n’est pas possible. Toutes les entrées et les sorties sont filtrées. Les tentes sont numérotées. Il y a un cahier où l’on enregistre les visites… A partir de 21h personne n’a droit de sortir du camp », a relevé le conférencier.

Le porte- parole des cadres wê a soutenu que les le bilan de l’expédition est plus important qu’on ne le croit. Il a indiqué que les sources proches de la Croix rouge font état de 211 morts et plus de 1000 disparus.
« Ce chiffre n’est rien. Il va s’alourdir dans les heures et les jours à venir, car il y a des milliers de personnes dont est sans nouvelles. Officiellement, il y a plus de 5500 personnes dans le camp. Aujourd’hui, il y a environ 100 blessés et 1000 réfugiés à la mairie. Où sont les autres ? », s’est interrogé Nahi Doho .

Les cadres wê ont demandé que soit élevé tous les représentants de l’Etat en poste dans le département ; le retrait des seigneurs de guerre tels que Amandé Ouérémi, les dozos et les Frci qui sèment la terreur dans l’ouest. Les élus et cadres ont exigé la mise en place d’une commission d’enquête internationale et ont annoncé un grand rassemblement dans les jours à venir à Duékoué pour dire
« non au génocide ».

César Ebrokié
ebrokie2@yahoo.fr
(Source : Notre voire N°4190 du mercredi 25 juillet 2012)

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