Dans un rapport, l’ONG Amnesty International dénonce des atrocités et un climat de peur entretenu par les forces d’Alassane Ouattara, depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo.
Vols, incendies, viols, exécutions sommaires : autant de raisons vitales pour un demi-million d’Ivoiriens de ne pas regagner leur foyer. C’est l’ONG Amnesty International qui met en lumière ces tragédies, dans un rapport intitulé : « Nous voulons rentrer chez nous, mais nous ne pouvons pas. Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire : une crise persistante ».
C’est le quatrième rapport que l’ONG publie sur cette région du monde depuis le début de l’année. Les précédents montraient à quel point les forces de Laurent Gbagbo n’avaient pas le monopole de la cruauté. Les Forces de sécurité (FDS) du président déchu et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se partagent la responsabilité de plusieurs massacres. Les deux camps sont d’ailleurs sous le coup d’une enquête de la Cour pénale internationale.
Des assassinats à caractère ethnique
Ce que démontre cette publication-ci d’Amnesty International, c’est que les exactions ne se sont pas arrêtées avec l’interpellation du rival d’Alassane Ouattara. Bien au contraire, le camp du vainqueur fait régner un climat de terreur dans certaines régions et commet des assassinats à caractère ethnique. « Ils l’ont tué en lui mettant un pneu autour du cou avant d’y mettre le feu », raconte un témoin qui a assisté au meurtre d’un homme à Abidjan, la capitale. Selon Amnesty, ces scènes sont d’une banalité effrayante et « de manière générale, les hommes jeunes de l’ethnie Guéré qui ont l’air d’être costauds courent un risque particulier d’être la cible d’attaques car ils sont présumés avoir été membres des milices pro-Gbagbo ».
Les réfugiés ivoiriens de ce groupe ethnique sont donc des centaines de milliers à craindre des violences s’ils rentrent du Liberia, ou de l’endroit en Côte d’Ivoire d’où ils ont fui le conflit démarré en novembre dernier. « Les autorités doivent mettre en place une chaîne de commandement bien établie et démanteler les milices », réclame Gaëtan Mootoo, chercheur et corédacteur du rapport. Ces milices sont constituées de chasseurs traditionnels, les dozos. Créées pour protéger les civils des FDS de Gbagbo, elles sont encore approvisionnées en armes et en munitions par les forces gouvernementales, mais pour des raisons différentes de celles qui avaient cours pendant le conflit.
Un habitant qui a eu le courage de rentrer chez lui explique que « les combattants circulent à moto dans la ville. Le simple fait de venir aussi souvent avec leurs armes suffit pour nous maintenir dans la crainte. C’est ce qu’ils veulent ». Des miliciens se tiennent également aux postes de contrôle routier pour dissuader les déplacés de rentrer chez eux.
500 000 réfugiés dans des conditions très précaires
En attendant une régularisation de la situation, 500 000 réfugiés vivent dans des conditions très précaires. À l’intérieur du pays, certains ont élu domicile sous des tentes, dans des camps de fortune. À Duékoué, ville martyre à 500 kilomètres d’Abidjan, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a construit deux bâtiments, pouvant abriter 800 personnes. Les FRCI et les dozos y ont commis en mai des crimes particulièrement atroces (800 selon le CICR), toujours en ciblant les Guérés.
Sur la base des investigations qu’elle a menées sur place, Amnesty International estime que le gouvernement d’Alassane Ouattara a une part de responsabilité dans ces exactions. L’ONG demande donc qu’une « force de sécurité impartiale qui puisse assurer la protection de tous les citoyens ivoiriens, quel que soit le groupe ethnique auquel ils appartiennent », soit la mise en place, et surtout la fin de l’impunité pour les meurtriers. Elle recommande également que la CPI n’enquête plus seulement sur la résolution de la crise postélectorale, mais aussi sur ce qui s’est passé depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le point de départ des investigations devait aussi être fixé au début de la rébellion en 2002, selon elle. « Il suffirait que quelques responsables soient arrêtés, pour que cela donne un signal fort à la population », plaide Salvatore Saguès, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest.
L’ONG se félicite toutefois de la décision de l’ONU d’établir huit bases militaires en Côte d’Ivoire. Elle estime que les violences doivent cesser rapidement, « sinon elles porteront atteinte aux efforts de réconciliation menés dans un pays déchiré par une décennie de conflits ethniques et violents ».
La situation de Gbagbo n’a pas changé
Toujours assigné à résidence dans la ville de Korhogo, Laurent Gbagbo aurait apparemment pu rencontrer la semaine dernière des membres du Comité international de la Croix-Rouge, mais ses conditions de détention sont toujours aussi dures. Le mystère et l’isolement qui l’entourent sont eux toujours aussi impénétrables. « Depuis trois mois sa situation est très précaire : toujours pas d’inculpation et un lieu de détention qui n’est pas destiné à en être un », explique Salvatore Haguès, chercheur spécialiste de l’Afrique de l’Ouest. « Au-delà de son cas personnel, c’est la situation de 60 autres personnes détenues en même temps que lui qui est inquiétante. Où sont-elles ? Comment vont-elles ? Personne ne le sait. Il faut que le gouvernement d’Alassane Ouattara publie une liste précise avec les lieux de détention », réclame ce chercheur associé à Amnesty International.
Vols, incendies, viols, exécutions sommaires : autant de raisons vitales pour un demi-million d’Ivoiriens de ne pas regagner leur foyer. C’est l’ONG Amnesty International qui met en lumière ces tragédies, dans un rapport intitulé : « Nous voulons rentrer chez nous, mais nous ne pouvons pas. Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire : une crise persistante ».
C’est le quatrième rapport que l’ONG publie sur cette région du monde depuis le début de l’année. Les précédents montraient à quel point les forces de Laurent Gbagbo n’avaient pas le monopole de la cruauté. Les Forces de sécurité (FDS) du président déchu et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) se partagent la responsabilité de plusieurs massacres. Les deux camps sont d’ailleurs sous le coup d’une enquête de la Cour pénale internationale.
Des assassinats à caractère ethnique
Ce que démontre cette publication-ci d’Amnesty International, c’est que les exactions ne se sont pas arrêtées avec l’interpellation du rival d’Alassane Ouattara. Bien au contraire, le camp du vainqueur fait régner un climat de terreur dans certaines régions et commet des assassinats à caractère ethnique. « Ils l’ont tué en lui mettant un pneu autour du cou avant d’y mettre le feu », raconte un témoin qui a assisté au meurtre d’un homme à Abidjan, la capitale. Selon Amnesty, ces scènes sont d’une banalité effrayante et « de manière générale, les hommes jeunes de l’ethnie Guéré qui ont l’air d’être costauds courent un risque particulier d’être la cible d’attaques car ils sont présumés avoir été membres des milices pro-Gbagbo ».
Les réfugiés ivoiriens de ce groupe ethnique sont donc des centaines de milliers à craindre des violences s’ils rentrent du Liberia, ou de l’endroit en Côte d’Ivoire d’où ils ont fui le conflit démarré en novembre dernier. « Les autorités doivent mettre en place une chaîne de commandement bien établie et démanteler les milices », réclame Gaëtan Mootoo, chercheur et corédacteur du rapport. Ces milices sont constituées de chasseurs traditionnels, les dozos. Créées pour protéger les civils des FDS de Gbagbo, elles sont encore approvisionnées en armes et en munitions par les forces gouvernementales, mais pour des raisons différentes de celles qui avaient cours pendant le conflit.
Un habitant qui a eu le courage de rentrer chez lui explique que « les combattants circulent à moto dans la ville. Le simple fait de venir aussi souvent avec leurs armes suffit pour nous maintenir dans la crainte. C’est ce qu’ils veulent ». Des miliciens se tiennent également aux postes de contrôle routier pour dissuader les déplacés de rentrer chez eux.
500 000 réfugiés dans des conditions très précaires
En attendant une régularisation de la situation, 500 000 réfugiés vivent dans des conditions très précaires. À l’intérieur du pays, certains ont élu domicile sous des tentes, dans des camps de fortune. À Duékoué, ville martyre à 500 kilomètres d’Abidjan, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a construit deux bâtiments, pouvant abriter 800 personnes. Les FRCI et les dozos y ont commis en mai des crimes particulièrement atroces (800 selon le CICR), toujours en ciblant les Guérés.
Sur la base des investigations qu’elle a menées sur place, Amnesty International estime que le gouvernement d’Alassane Ouattara a une part de responsabilité dans ces exactions. L’ONG demande donc qu’une « force de sécurité impartiale qui puisse assurer la protection de tous les citoyens ivoiriens, quel que soit le groupe ethnique auquel ils appartiennent », soit la mise en place, et surtout la fin de l’impunité pour les meurtriers. Elle recommande également que la CPI n’enquête plus seulement sur la résolution de la crise postélectorale, mais aussi sur ce qui s’est passé depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le point de départ des investigations devait aussi être fixé au début de la rébellion en 2002, selon elle. « Il suffirait que quelques responsables soient arrêtés, pour que cela donne un signal fort à la population », plaide Salvatore Saguès, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest.
L’ONG se félicite toutefois de la décision de l’ONU d’établir huit bases militaires en Côte d’Ivoire. Elle estime que les violences doivent cesser rapidement, « sinon elles porteront atteinte aux efforts de réconciliation menés dans un pays déchiré par une décennie de conflits ethniques et violents ».
La situation de Gbagbo n’a pas changé
Toujours assigné à résidence dans la ville de Korhogo, Laurent Gbagbo aurait apparemment pu rencontrer la semaine dernière des membres du Comité international de la Croix-Rouge, mais ses conditions de détention sont toujours aussi dures. Le mystère et l’isolement qui l’entourent sont eux toujours aussi impénétrables. « Depuis trois mois sa situation est très précaire : toujours pas d’inculpation et un lieu de détention qui n’est pas destiné à en être un », explique Salvatore Haguès, chercheur spécialiste de l’Afrique de l’Ouest. « Au-delà de son cas personnel, c’est la situation de 60 autres personnes détenues en même temps que lui qui est inquiétante. Où sont-elles ? Comment vont-elles ? Personne ne le sait. Il faut que le gouvernement d’Alassane Ouattara publie une liste précise avec les lieux de détention », réclame ce chercheur associé à Amnesty International.
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