mercredi 10 août 2011

Pourquoi détruire la Rue Princesse ? Espérons que demain on ne nous dira pas que..... nos épouses doivent sortir voilées !



Le mal est fait et en parler ne fera pas remettre les grands maquis de la Rue de leurs cendres ou plutôt de leurs gravats ! Les nouvelles autorités Ivoiriennes avec à leur tête le bien-aimé père ADO veulent assainir le pays, le rendre irréprochable et bien sûr plus fréquentable après les mois de crise que nous avons connu. Pour arriver à cette fin si noble les opérations de déguerpissements et de nettoyage au Kärcher…oup ! excusez moi aux bulldozers sont monnaies courantes dans la capitale Ivoirienne. « On casse ! » comme dirait l’autre « et c’est l’Etat donc personne ne peut se plaindre ! » Si la démolition de certains endroits n’ont suscités que quelques commentaires, la destruction de la Rue Princesse alimente les débats. Une interrogation au centre de ces échanges : qu’est ce qui peut bien justifier la démolition d’un lieu hautement visité comme la Rue ?
Peut-être bien que personne dans l’entourage du Président n’a eu le courage de lui dire mais la Rue n’est pas seulement un lieu de dépravation comme d’autres enturbannés et sœurs voilées le font croire. La Rue était avant tout l’espace où de nombreuses familles gagnaient leur vie ! Un maquis au bas mot est une PME : deux serveuses, un gérant, un DJ, le plongeur, le gros bras et le balayeur ! Si vous multipliez ces emplois par le nombre de maquis sur l’étendue de la Rue vous comprendrez aisément que se sont des emplois perdus. Au-delà il y a les vendeuses de poissons braisés, de soupe et de nourriture pour les noctambules : que deviennent ces mères de famille ? Les petits tenanciers de tabliers qui payaient leurs études la journée avec la vente du soir iront créer quelles autres activités ? Que dire du chiffre d’affaire des boutiques et magasins de la zone ? Rien ne sert de parler de prostitution, de trafic de drogue et de salubrité pour affamer des innocents. Si les maux qu’on reproche à la Rue étaient aussi fondés il y a bien longtemps que sa fréquentation aurait baissé. Suivez mon regard ! Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui ont passé le plus claire de leur vie aux USA et sont instruits du problème de la violence et de la délinquance. Washington est l’une des villes au monde les plus dangereuses : les statistiques disponibles sur le site de la Police du District fédéral le montre. Pourtant les Etats Unis n’ont jamais eu l’idée de délocaliser la Maison Blanche ! Que dire de New York et ses ghettos pleins de racailles ? Pourtant le siège des Nations Unies y est encore ! Alors que nos autorités nous disent réellement ce que cache la destruction de la Rue au-delà des arguments farfelus de lutte contre la salubrité, de lutte contre le SIDA et la délinquance. La Rue n’est pas la seule responsable de la prolifération du SIDA et de la prostitution : dans ce pays on sait ce qui se passe dans les bureaux climatisés du Plateau entre midi et deux !
Chacun d’entre nous sera témoin de l’avenir de la Rue dans les jours qui viennent. A la place des maquis détruits d’autres choses s’élèveront. Quoi ? Je ne saurais répondre mais une chose est sûr l’esprit de la nouvelle équipe est connue. Rappelez-vous au soir du départ de Nanan BOIGNY lors du tsunami des privatisations : on vendait les entreprises la nuit et le matin le vendeur lui-même devait l’heureux propriétaire ! Chacun sait de quoi je parle. Espérons que demain on ne nous dira pas que l’alcool est prohibé, les tailles basses et les strings interdits, la cigarette interdite et que nos épouses doivent sortir voilées ! A méditer : « Ça commence toujours quelque part et ça s’achève en Boko Haram ».

SUY Kahofi
eburnietoday.mondoblog.org

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