La France propose un autre schéma
En réalité le plus
important des créanciers du club de Paris c’est –à-dire la France n’a annulé que le 1/3
de la dette ivoirienne. En chiffre c’est près de 1 milliard d’euro (655
milliards de francs CFA) qui ont fait l’objet d’annulation sèche. Le reste a
été converti en contrat d’annulation de
désendettement et de développement(C2D). C’est près de 2 milliards d’euro, soit
1.310 milliards de francs CFA qui ont été consacrés au C2D à gérer sur une
quinzaine d’année.
Ce programme démarre cette année avec 150 millions d’euros
(98,25 milliards de Francs CFA) et devra atteindre à échéance les 200 millions
d’euro (131 milliards de Francs CFA) par an.
Le mécanisme consiste à deux faits
essentiels :
. D’une part la Cote D’ivoire doit à échéance prévue (par
mois ou par trimestre) mobiliser les ressources quelles est censée verser à la France.
Mais cet argent va directement dans
compte logé au sein de l’agence principale de la BCEAO à Abidjan.
. D’autre part, différents projets déjà répertoriés par
les deux parties seront financés par le
fonds. Le mécanisme se passe comme si la
Co te D’ivoire remboursait sa dette et la France lui rétrocède le même montant dans les minutes suivantes. C’est ce
qu’on a appelé la « Méthode de l’accordéon ».
Que se passera-t-il
si la Cote D’ivoire manque une échéance ? En plus, lorsque les fonds sont
logés à la BCEAO, la Cote D’ivoire n’est plus le seul maitre du jeu. Même si le
ministre de l’économie et des finances Charles Koffi Diby atteste que l’argent du C2D ne retournera pas
en France, son utilisation ne sera pas systématique. Le Contrat de
Désendettement et de Développement pose certainement les conditionnalités
d’accès au fonds. Il faut bien payer avant de l’utiliser !
Les entreprises ivoiriennes face au C2D
Autre chose, c’est que les axes prioritaires sont bien
définis et déclinés en projets à réaliser sur l’étendue du territoire ivoirien.
Dans la déclaration de politique générale du gouvernement,
le 16 juillet dernier, le premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio a donné de bonnes précisions :
« Sur la période 2012-2015, outre les ressources budgétaires de l’Etat, ce
sont 413 milliards de FCFA, qui seront mobilisés pour le financement de projets
dans le cadre du Contrat de Désendettement et de Développement(C2D) »,
a-t-il déclaré. Ii y a des chantiers dans différents secteurs: Justice (15
milliards ; éducation formation et insertion professionnel (61milliards);
santé (45,8 milliards); agriculture-développement rural et biodiversité (73,3
milliards) ; développement urbain (98,8 milliards) et infrastructures de
transports (106,6 milliards). Voici ce qui a été convenu de faire avec l’argent
du C2D sur quatre années consécutives.
Maintenant, la question est de savoir les entreprises qui
devront exécuter les différents marchés.
Bien sûr, certaines entreprises locales mais aussi d’autres étrangères.
La loi de l’offre et de la demande faisant foi y compris les principes de
passation des marchés publics. Lorsqu’on observe le niveau de compétitivité des
entreprises ivoiriennes face à des grandes multinationales étrangères, l’on est
en droit de se demander à qui reviendra la grande part des marchés. Par
ailleurs, la forte offensive d’opérateurs économiques français à s’installer en
terre ivoirienne n’est pas fortuite. Déjà, 104 entreprises étrangères se disent
prêtes à s’implanter en zone industrielle. En faisant un certain rapprochement,
il aura bien d’entreprises françaises qui vont compléter sur les marchés du
C2D. A côté, il y a des opérateurs économiques ivoiriens essoufflés par la
longue crise qu’a traversée le pays. Jusqu’à présent, les indemnisations des
entreprises sinistrées ne sont pas effectives. Comment faire pour gagner les
nombreux marchés qui se profilent ? La question reste d’actualité. En
attendant, le Contrat de Désendettement et de Développement est en route et va
durer 18 ans, a précisé le ministre de l’économie et des finances.
Une chose est sûre la France pourra récupérer une partie de
sa créance par le biais de ses opérateurs économiques qui seront à la tâche.
Par ailleurs, la capacité d’absorption des ressources du C2D
et une autre préoccupation soulevée par le ministre Charles Diby. Si la Côte
D’ivoire ne paye plus directement sa dette, il n’empêche que certains
opérateurs économiques étrangers en tireront réels profits.
G.A.YAPI
(Source : La tribune de l’économie n°114 du lundi 06
août 2012)
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